20/04/2012

INTERVIEW: Haleek Maul

En apparence, Haleek Maul n'est qu'un jeune rapper de 15 ans, bourré de talent (un petit comme on en croise de plus en plus dans l'internet). C'est un grand fan des vidéos de Jamie Harley, il lui a demandé lui-même de mettre en images son morceau "Fraulein", et Jamie l'a fait.




D'ailleurs leur travail ensemble ne s'en arrête pas là.


Mais il y a bien plus que ça chez Haleek Maul. Finalement l'intérêt de l'interview réside dans l'envie d'en connaître plus sur lui et son art, le tout facilité par le fait qu'il ne soit pas plus âgé que moi.
Alors oui j'ai fait connaissance avec Malik. Mais il n'y a pas que cet aspect du mec spontané, sociable, drôle et gentil dont le français est "mal". Entre nos phrases ponctuées de rires et ses expressions très américaines, quelque chose se dessine : de vrais projets, de l'ambition, une idée initiatrice.

Très vite, Malik m'explique que selon lui dans l'art, tout ne réside pas en l'artiste même. Ces inspirations ne sont pas une liste de groupes qu'il cite simplement parce qu'il les aime bien. "Tout ce que je fais est en quelques sortes lié à quelque chose que j'ai vu ou entendu avant. Étant donné que c'est quelque chose d'humain, de la nature humaine. Mais je crois que mon interprétation des choses est très différente". Comme moi, il pense que les choses viennent des émotions, que "le meilleur art est tiré des émotions, de moments de tristesse et de joie" et selon lui "certains artistes se sentent obligés de faire de la musique. Parce qu'ils ont le titre d'"artiste"".

Tandis que lui, fait surtout de la musique "pour archiver ses émotions et ses expériences", c'est aussi une manière de représenter sa vie directement ou de façon abstraite. Et sa musique, il compte bien la présenter sur scène. D'ailleurs, Malik est un "incroyable interprète" (c'est lui-même qui le dit), il commence à bien se débrouiller, ayant joué quelque fois devant "juste deux cent personnes, pas une énorme foule".


Souvent, la problématique qui se pose, quand on est tout jeune comme lui et qu'on se lance dans de beaux projets, c'est de laisser tomber l'école pour se concentrer sur la musique. Malik y pense bien sûr, il y pense tout le temps. Mais "si l'opportunité se présente, il pourrait laisser tomber les cours".


Après m'avoir rapidement expliqué "qu'on ne peut pas être un très bon musicien" à partir du moment où l'image a pris plus de place sur le talent, malgré qu'il aime beaucoup la mode et s'occuper de son image, il ne laissera jamais tout ça devenir un argument de vente de sa musique (en résumé, Malik n'est pas Lana Del Rey), nous abordons la partie la plus intéressante de la discussion.
Haleek Maul a de "très très grands projets pour sa musique et son art en général. Ça sera dingue. Je veux effacer plein de clichés, effacer le facteur de misogynie dans le rap, la matérialisation des femmes, c'est pas mon truc. Non pas que je n'admire pas le corps d'une femme, mais je pense que si elle doit être nue, ça devrait être de meilleur goût", "comme dans le clip de Fraulein ?" "Voilà".



Malgré le fait que sa façon de penser semble assez unique, Malik ne pense pas pouvoir effacer ces clichés tout seul, il pense que "nous avons tous besoin d'une forme d'aide, et ça a été prouvé". Alors non, Haleek Maul ne créera pas un "gang anti-misogyne", il n'essaye pas de changer le monde, il veut juste montrer aux gens qu'il y a quelque chose d'autre dans l'art. Et c'est là que réside l'attrait qu'on peut avoir pour sa musique.

Malik ne veut pas être classé comme un rapper : "je suis un artiste. J'ai mes propres perspectives sur toutes les choses et je veux que les gens le comprennent". Et on le sent vraiment, sa musique est quelque chose au milieu de l'obscurité et la luminosité, quelque chose de plutôt unique. "Ça serait normal que t'aies ton propre genre".


"Le futur de la musique, tu penses que ça sera comment ? Est-ce que ça sera plein de nouveaux genres avec sans tous les clichés qu'ils ont ? Ou seulement un renouvellement des genres ?"
"Je pense que quand les gens tentent de ramener des choses c'est nul, tu vois ? Je préférerais démarrer un mouvement totalement nouveau, alors j'espère que les autres artistes du futur le pensent également.
Supreme Cuts, The-Drum, King Britt, EPLP (certaines des personnes avec lesquelles j'ai travaillé) sont tous avant-gardistes. Et je pense qu'ensemble on donnera naissance à de nouvelles formes de musique qui ne seront pas soumises à des noms ou des classifications"


"Mais il faut une base pour tout ça, quelles sont les tiennes ?"
"J'ai probablement été inspiré par pratiquement tout. Le monde de l'art et la blogosphère m'ont appris la plus grande partie de ce que je voulais savoir ou pensé vouloir savoir. Je retourne toujours à la base du hip-hop genre Outkast et Lost Boyz. Et en ce qui concerne l'art je suis inspiré par des designers comme Junya Watanabe et Gareth Pugh. Steven Klein et Kenneth Anger inspirent beaucoup de mes idées pour des visuels. Et mes expériences dans la vie rassemblent tout et ça se transforme en un unisson pour former ce que tu as là"


Pour clore l'interview, j'ai demandé à Malik un morceau qui irait parfaitement bien avec le moment actuel. Après quelques minutes d'hésitations, c'est le track "Fools" de ses copains Supreme Cuts un duo tout aussi "avant-gardiste" qui s'accorderait parfaitement avec le moment.






Haleek Maul travaille actuellement sur un EP, mais pour l'instant, c'est totalement secret. Et on espère le retrouver très bientôt en France, il y pense, si tout va bien.


2 commentaires:

  1. Je laisse un commentaire parce-qu'il n'y en a malheureusement pas encore. Et Clément avait raison, c'est cool Supreme Cuts.

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  2. Merci pour cette découverte nocturne, je dois avouer que le personnage m'intrigue et ces deux chansons en lien dans ton article me donne envie d'en savoir davantage sur ce Malik :)

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