18/12/2013

INTERVIEW: BLUFRANK


Disco, house et pyramides : c'est BLUFRANK aux premiers abords. Ses morceaux sont un vrai délice, entre sable fin, et soleil couchant derrière le doux roulis des vagues. On se voit bien chiller et danser dessus quand le soleil viendra. Mais en réalité, derrière tout ça, y a un mec qui aimerait faire bouger les choses, les faire changer et les faire passer à un autre niveau, dans une Egypte qui ne suit pas son rythme. Voilà toutes les choses intéressantes qu'il a à dire.



J'ai toujours vécu en Egypte, actuellement, l'Egypte néglige l'art. Mais des jeunes comme nous essayent de changer cette situation de merde. La culture est plus ou moins perdue, on est devenu un mélange hétéroclite de choses complètement nulles, à cause de la désinformation des médias et de la société. Mais je pense que les choses changeront dans le futur. J'espère que tout ce que fait permettra de changer les choses. Je peux discuter ou travailler avec des gens qui veulent faire évoluer notre situation, mais c'est vraiment dur de trouver des personnes qui veulent faire quelque chose de créatif et qui sort de l'ordinaire. Ici, les gens ont peur du changement, ils ont peur qu'on rigole d'eux. Mais vouloir que les gens soient plus inventifs, créatifs et tout ça, c'est comme vouloir que tout le monde soit riche, ça n'a pas de sens. J'espère juste que les gens essayeront d'accomplir des choses plutôt que de dire qu'ils ne peuvent pas le faire.
J'aimerai travailler avec d'autres personnes, mais d'abord je dois atteindre le même niveau de respect qu'ils ont, je veux pas gâcher tout ce qu'une autre personne aura fait en travaillant avec elle.

Je déteste les scènes musicales, parce que les gens se concentrent sur le fait d'être dans le truc, et oublient la musique en elle-même, le fondement du style est important dans les scènes musicales.
Internet c'est cool et tout et ça t'aide à te faire connaître de manière indépendante, mais en même temps, y a beaucoup de conneries sur internet, ce qui fait que les musiciens indépendants se perdent au milieu de gens vraiment nuls, du coup on se dit que t'es mauvais avant même de cliquer sur les liens que tu partages. Actuellement, internet est le meilleur endroit pour partager ce que je fais, mais je dois affirmer ma place ici en faisant des shows.

Je suis à l'université en ce moment. J'espère pouvoir vivre de la musique et rester indépendant, parce que je ne rejoindrai pas un label qui essayerait de changer la direction que je veux prendre. Je veux traduire ce que je ressens dans la musique. J'essaye de faire passer aux gens les visions que j'ai, les images que je m'imagine, les histoires que je veux raconter, les secrets que je garde pour moi. BLUFRANK, c'est moi, en plus fort. Il n'y a pas de place pour ceux qui essayent d'exprimer les choses de manière vivace et authentique dans la réalité. Je m'exprime à travers la musique. Je dis pas ça pour être cliché, mais quand je compose des morceaux, j'ai pas pour but de faire un hit. Pour moi, un hit, c'est quand tout ce que je compose touche la corde sensible chez moi. J'ai plusieurs directions sur une ligne.
La musique et l'art visuel sont le meilleur moyen d'exprimer les choses pour moi. Je suis pas très bavard en général, je peux pas tout décrire avec des mots. Y a certaines émotions, des sons et des images que je peux pas exprimer autrement.

Pour mes concerts, je compte pas faire tourner les platines ou faire un mix. Je ferais un truc comme un film, quelque chose de très riche visuellement, pas juste avec un écran avec des photos complètement débiles. Un vrai show quoi. Tu te souviens quand les shows présentaient de vraies histoires et de vrais concepts ?
Maintenant, les shows c'est surtout pour pouvoir se faire plus d'argent, et le public est juste là pour boire, fumer, et ne tiennent même pas compte de ce que fait le musicien. Moi, je créerai un lien avec le public grâce à l'ambiance. Et j'espère que ce sera possible de le faire au Caire.


BLUFRANK, 20 ans
//soundcloud

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